Je suis un enfant trouvé.


Mais jusqu’à huit ans j’ai cru que, comme tous les autres enfants, j’(avoir) une mère, car lorsque je pleurais, il y (avoir) une femme qui me serrait si doucement dans ses bras, en me berçant, que mes larmes s’(arrêter) de couler.


Jamais je ne me (coucher) dans mon lit, sans qu’une femme vienne m’embrasser, et, quand le vent de décembre (coller) la neige contre les vitres blanchies, elle me (prendre) les pieds entre ses deux mains et elle (rester) à me les réchauffer en me chantant une chanson, dont je retrouve encore dans ma mémoire l’air et quelques paroles.


Quand je (garder) notre vache le long des chemins herbus ou dans les brandes, et que j’(être) surpris par une pluie d’orage, elle (accourir) au-devant de moi et me (forcer) à m’abriter sous son jupon de laine relevé qu’elle me (ramener) sur la tête et sur les épaules.


Enfin quand j’(avoir) une querelle avec un de mes camarades, elle me (faire) conter mes chagrins, et presque toujours elle (trouver) de bonnes paroles pour me consoler ou me donner raison.


Par tout cela et par bien d’autres choses encore, par la façon dont elle me (parler) , par la façon dont elle me (regarder) , par ses caresses, par la douceur qu’elle (mettre) dans ses gronderies, je (croire) qu’elle était ma mère.


Voici comment j’appris qu’elle n’(être) que ma nourrice.



D’après Hector Malot, Sans Famille