M. Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres
Il les perdait toutes de la même façon un beau matin elles cassaient leur corde s’en allaient dans la montagne et là-haut le loup les mangeait Ni les caresses de leur maître ni la peur du loup rien ne les retenait C’était paraîtil des chèvres indépendantes voulant à tout prix le grand air et la liberté
Le brave M. Seguin qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes était consterné Il disait
C’est fini les chèvres s’ennuient chez moi je n’en garderai pas une
Cependant il ne se découragea pas et après avoir perdu six chèvres de la même manière il en acheta une septième seulement cette fois il eut soin de la prendre toute jeune pour qu’elle s’habituât mieux à demeurer chez lui
A. Daudet, Lettres de mon moulin, "La chèvre de M. Seguin"