L'aube est moins claire, l'air moins chaud, le ciel moins pur ;
Le soir brumeux ternit les astres de l'azur.
Les longs jours sont passs ; les mois charmants finissent.
Hlas ! voici dj les arbres qui jaunissent !
Comme le temps s'en va d'un pas prcipit !
Il semble que nos yeux, qu'blouissait l't,
Ont peine eu le temps de voir les feuilles vertes.

Pour qui vit comme moi les fentres ouvertes,
L'automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l't qui s'enfuit est un ami qui part.
Adieu, dit cette voix qui dans notre me pleure,
Adieu, ciel bleu ! beau ciel qu'un souffle tide effleure !
Volupts du grand air, bruit d'ailes dans les bois,
Promenades, ravins pleins de lointaines voix,
Fleurs, bonheur innocent des mes apaises,
Adieu, rayonnements ! aubes ! chansons ! roses !

Puis tout bas on ajoute : jours bnis et doux !
Hlas ! vous reviendrez ! me retrouverez-vous ?

Victor Hugo, Toute la lyre, XXXV