— Je t’attendrai là, dit-elle.
Mais elle ’enfuit tout de uite, terrifiée, pare qu’un fort coup de vent fait vailler la lumière et l’éteint.
Poil de Carotte, les fees collées, les talons plantés, e met à trembler dans les ténèbres. Elles ont si épaies qu’il e croit aveugle. Parfois une rafale l’enveloppe, comme un drap glacé, pour l’emporter. Des renards, des loups même, ne lui oufflent-ils pas dans es doigts, sur a joue ? Le mieux est de e préipiter, au juger, vers les poules, la tête en avant, afin de trouer l’ombre. Tâtonnant, il aiit le crochet de la porte. Au bruit de es pas, les poules effarées ’agitent en glouant ur leur perchoir. Poil de Carotte leur crie :
— Taiez-vous donc, c’est moi !
ferme la porte et e auve, les jambes, les bras comme ailés. Quand il rentre, haletant, fier de lui, dans la chaleur et la lumière, il lui emble qu’il échange des loques peantes de boue et de pluie contre un vêtement neuf et léger. Le garon ourit, e tient droit, dans on orgueil, attend les féliitaions, et maintenant hors de danger, cherche ur le visage de es parents la trae des inquiétudes qu’ils ont eues.
Mais grand frère Félix et œur Ernestine continuent tranquillement leur lecture, et madame Lepic lui dit, de a voix naturelle :
— Poil de Carotte, tu iras les fermer tous les oirs.
D'après Jules Renard, Poil de Carotte, "Les Poules"