Les modalisateurs sont des mots et des procédés grammaticaux qui permettent à l’énonciateur d’exprimer son sentiment ou son jugement en le nuançant (certitude, incertitude, jugement mélioratif ou péjoratif, mise à distance…). Les modalisateurs rendent le texte subjectif.
Les modalisateurs font partie des procédés d’argumentation qui permettent d’exprimer sa pensée et convaincre l’autre.
Exemples de modalisateurs dans un texte littéraire
Franchement, Max, je crois qu’à nombre d’égards Hitler est bon pour l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr. Maintenant, c’est lui qui, de fait, est le chef du gouvernement. Je doute que Hindenburg lui-même puisse le déloger du fait qu’on l’a obligé à le placer au pouvoir. L’homme électrise littéralement les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d’un fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d’esprit ?
K. Kressmann Taylor, Inconnu à cette adresse.
LES PROCÉDÉS LEXICAUX
Employer des champs lexicaux
On peut exprimer sa subjectivité en choisissant un mot plutôt qu’un autre, voire un niveau de langue particulier. On peut employer un vocabulaire mélioratif ou péjoratif. Le choix d’adjectifs comme beau, laid, bon, mauvais, petit, gentil, méchant... est très révélateur des sentiments de l’énonciateur.
Employer des verbes
On peut exprimer son sentiment ou son jugement en employant
- des verbes de sentiments : aimer, détester, craindre, haïr, détester, apprécier, exécrer.
- des verbes d’opinion : penser, croire, douter, avouer, prétendre, supposer…
- des verbes d’impression : sembler, paraître.
Employer des adverbes
On peut nuancer ses propos grâce à des adverbes comme évidemment, certainement, peut-être, sans doute, probablement, réellement, vraiment, heureusement, apparemment…
Employer des interjections
Elles expriment des sentiments : zut ! Hélas ! Bravo ! Ha…
Employer des figures de style
- La comparaison, personnification, la métaphore filée : comparaison dégradante ou au contraire valorisante.
- L’hyperbole pour exagérer.
- L’énumération : par exemple énumération de qualités ou de défauts.
- La répétition : pour insister, interpeller.
- L’opposition, l’oxymore.
- L’antiphrase, l’ironie, la caricature.
Employer de manière judicieuse la ponctuation
Les guillemets par exemple permettent une prise de distance.
LES PROCÉDÉS GRAMMATICAUX
Employer des types et des formes de phrase particuliers et une intonation
On peut exprimer sa subjectivité en employant un type de phrase particulier (comme l’interrogation ou l’injonction). À l’oral, l’intonation joue également ce rôle (voix montante ou descendante). On peut employer des questions rhétoriques (fausses questions qui n’appellent pas de réponses).
Employer le conditionnel ou un système hypothétique
On peut démontrer, exprimer une opinion en émettant des hypothèses plus ou moins réaliste (démonstration par l’absurde est beaucoup utilisée)
Employer l’impératif
Pour obliger, imposer, donner un ordre.
Employer des compléments circonstanciels
On peut exprimer sa subjectivité grâce à des compléments circonstanciels, notamment de manière (à vrai dire, en toute franchise, sans aucun doute, à coup sûr, à mon avis…) ou de comparaison (il s’exprime comme un fou).
Employer de tournures impersonnelles
Cela permet de ne pas se mettre en avant. Il semble que / semble-t-il, il (ap)paraît que, on dirait que, il est possible que, il se peut que, il est certain / sûr que, il est vrai que, il est préférable que, il est nécessaire que…
Employer la voix passive
Permet de mettre en avant ou de cacher le complément d’agent, de jouer avec le sujet.
Employer l’apostrophe directe, le tutoiement
Cela permet d’interpeller, de créer une proximité, une complicité avec l’interlocuteur.
Au contraire, employer le vouvoiement permet de mettre de la distance.